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Publié le23 Nov. 2025

Artemis II : L'humanité retient son souffle

L'attente a été longue, très longue. Depuis que Gene Cernan a laissé la dernière empreinte de botte dans la poussière lunaire en 1972 (Apollo 17), l'humanité est restée confinée en orbite basse. Artemis II marque la fin de cette parenthèse. Prévue pour 2026, cette mission n'est pas un simple "remake" d'Apollo. C'est le coup d'envoi concret d'une présence durable sur la Lune et, à terme, d'un voyage vers Mars. Contrairement à son prédécesseur (Artemis I), qui était un vol d'essai inhabité, Artemis II place le facteur humain au centre de l'équation.

La mission durera environ 10 jours. Son but n'est pas encore de se poser (ce sera pour Artemis III), mais de valider que le vaisseau Orion peut maintenir un équipage en vie dans l'espace lointain. Les astronautes testeront les systèmes de support vie (oxygène, eau, température), les commandes manuelles de pilotage et les communications lointaines. C'est le test ultime de sécurité : avant d'envoyer des humains vivre sur le sol lunaire, nous devons être certains qu'ils peuvent faire le voyage aller-retour sans encombre.


L'équipage d'Artemis II posant devant le vaisseau Orion
L'équipage d'Artemis II : Reid Wiseman, Victor Glover, Christina Koch et Jeremy Hansen. Crédits : NASA

L'Équipage : Diversité et Expérience

La NASA a voulu que cet équipage reflète le monde d'aujourd'hui, loin de l'uniformité des missions Apollo. À bord de la capsule Integrity, quatre astronautes écriront l'histoire :

  • Reid Wiseman (Commandant) : Astronaute de la NASA et ancien pilote de chasse, il a déjà vécu à bord de l'ISS. C'est lui qui aura la responsabilité ultime de la mission et de la sécurité de ses collègues.
  • Victor Glover (Pilote) : Il deviendra le premier homme de couleur à voyager au-delà de l'orbite terrestre basse. Pilote hors pair, il gérera les manœuvres manuelles autour de la Lune.
  • Christina Koch (Spécialiste de Mission) : Détentrice du record du plus long vol spatial continu par une femme (328 jours), elle sera la première femme à s'aventurer dans l'espace lunaire. Son expertise en ingénierie électrique sera cruciale.
  • Jeremy Hansen (Spécialiste de Mission) : Astronaute de l'Agence Spatiale Canadienne (ASC), il sera le premier non-américain à quitter l'orbite terrestre, symbolisant la coopération internationale du programme Artemis.

La présence de Jeremy Hansen souligne un changement de paradigme. Apollo était une course de la Guerre Froide ; Artemis est une collaboration mondiale. En échange de la fourniture du bras robotique Canadarm3 pour la future station lunaire Gateway, le Canada a obtenu ce siège historique.

Le Vaisseau Orion et la "Touche Européenne"

Le vaisseau qui les emmènera est une merveille technologique composée de deux parties : la capsule habitable (le module de commande) et le module de service. Si la capsule est américaine (Lockheed Martin), le moteur et les systèmes vitaux sont européens.

C'est ici que l'ESA (Agence Spatiale Européenne) joue un rôle critique. Le Module de Service Européen (ESM), construit par Airbus, est le "sac à dos" d'Orion. Il fournit :

  • L'électricité via quatre panneaux solaires déployables en forme d'ailes.
  • La propulsion principale pour s'arracher à l'orbite terrestre et revenir.
  • L'eau et l'oxygène respirable pour l'équipage.
  • Le contrôle thermique.

Sans l'Europe, Orion ne peut ni bouger, ni respirer. C'est une fierté technologique majeure pour le vieux continent.

Vue d'artiste du module de service européen propulsant Orion
Le Module de Service Européen (ESM) propulsant Orion vers la Lune. Crédits : ScienceNow

Une trajectoire en "Huit" Cosmique

Le profil de vol d'Artemis II est audacieux mais prudent. Lancé par la méga-fusée SLS (Space Launch System) depuis le Centre Spatial Kennedy, le vaisseau ne foncera pas directement vers la Lune. Il effectuera d'abord deux orbites elliptiques autour de la Terre, montant progressivement jusqu'à 2 900 km d'altitude.

Pourquoi ? Pour vérifier que tous les systèmes de survie fonctionnent parfaitement tant que le retour rapide est encore possible. Une fois le feu vert donné, l'ESM allumera ses moteurs pour l'injection trans-lunaire (TLI).

Orion suivra une trajectoire de retour libre. Il contournera la Lune en passant derrière sa face cachée (à environ 10 000 km de la surface), profitant de la gravité lunaire pour se faire "catapulter" naturellement vers la Terre sans grosse dépense de carburant. Lors de ce survol, les astronautes verront la Terre se lever au-dessus de l'horizon lunaire, une vue que l'humanité n'a pas contemplée de ses propres yeux depuis plus de 50 ans.

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« Artemis II n'est pas une fin en soi, c'est la porte d'entrée vers Mars. En validant la survie humaine dans l'espace profond grâce à Orion et au module européen, nous préparons le prochain grand saut de notre espèce. » – ScienceNow

Playlist : Mission Artemis & Orion

Artemis II Mission Overview